Janine raconte une histoire aux enfants, fait la prière avec eux, les embrasse et éteint la lumière:“Bonne nuit mes amours, dormez bien„.
Elle retourne ensuite dans la cuisine. Il faudrait débarasser, mais elle se contente de regarder un instant les assiettes vides dans le silence revenu.
Tout à l’heure, Michel a envoyé un SMS:
Rémy a oublié ses peaux à la maison, Grégoire heureusement en avait une paire supplémentaire dans sa voiture, on attaque la montée. A toute…
Ils sont donc partis. Si tout va bien, ils devraient être au sommet vers 22 heures. Ils vérifieront alors leur altimètre, mangeront un farmer, boiront une goutte de thé puis redescendront. Si tout va bien, Michel sera vers minuit à la maison.
Janine a un moment de découragement. Il y avait un écrivain français à la bibliothèque ce soir. Elle serait bien allée l’écouter. Et puis peut-être que le prof de yoga aurait été là aussi. Elle l’aime bien, Jonathan. C’est un type sensible, un peu marginal, qui sait écouter.
Elle a envie de sortir tout d’un coup, de laisser les gosses et d’aller fumer une cigarette dehors. Elle repense aussi à ce truc qu’ils avaient acheté chez Beate Uhse avec Michel mais qu’ils n’ont jamais vraiment utilisé et soudain elle se demande à quoi ça rime tout ça…
Où est-ce qu’il est d’ailleurs, ce machin?
Les pleurs du petit la ramènent brutalement au réel.
Janine soupire, sort de la cuisine, va voir: „qu’est-ce qu’il se passe, Sammy, tu as mal quelque part?„.
Ce sera comme ça deux mois encore. Le temps qu’il faudra à Michel pour effectuer, à côté de son travail, les 18 000 mètres de dénivelé nécessaires.
Comprenez, cette année, c’est Patrouille des Glaciers…