….On se leva. Les chaises raclèrent le sol. Les verres furent vidés. Les smartphones enfournés dans les poches et tout le monde sortit. J’examinai mes camarades. Le distributeur tchèque semblait en pleine forme. Les responsables des cinéclubs de Biélorussie aussi. Les dames d’Ukraine étaient certes un peu rougissantes mais marchaient droit. Le vieux coq de Tbilissi semblait avoir 30 ans. Quelle santé, me dis-je.
Le mini-zoo de mon ennemi personnel l’aubergiste portait bien son nom, ce n’était pas celui du Bronx ou le Jardin des Plantes, mais tout son charme provenait de l’audacieux mélange des espèces. Les autruches coexistaient avec les vaches. Les ânes fréquentaient les émeus. Des zèbres, enfin, coexistaient avec des porcs. Aucun de nous, malgré nos voyages à Cannes, Locarno ou San Sebastian, n’avait jamais rien observé de pareil. On vit donc les animateurs du ciné club de Minsk se pencher avec curiosité sur les grillages accouplant les émeus et les ânes, les Ukrainiennes tenter de lancer du pain aux zèbres (que les porcs, plus rapides, saisirent avant eux), et l’adolescent de Damas, fils du cinéaste, faire un selfie devant un agressif (elles peuvent se servir de leur bec comme d’un marteau pour vous fracasser la tête) troupeau d’autruches….
On trouvera la suite, et le début, et d’autres textes de voyages de divers auteurs romands, à pied, à cheval ou en voiture, dans « le monde est un village » ouvrage collectif et nomade qui sortira, aux éditions de l’Aire, d’ici quelques jours.