A propos de l’Aquarius, de la mer et de la situation en général

von Antoine Jaccoud 12. Oktober 2018

J’ai peur qu’avec cette pétition lancée pour offrir un pavillon suisse à l’Aquarius, je parle de ce bateau qui erre en Méditerranée avec des migrants dessus, eh bien j’ai peur que cette action crée un appel d’air comme on dit, c’est à dire une sorte de signal positif à l’endroit des migrants, une manière d’encouragement en quelque sorte, une véritable invitation à venir chez nous pour s’y installer durablement et que, dès lors, fort de ce signal, davantage encore de migrants veuille migrer en direction de chez nous alors qu’ils sont déjà des dizaines, voire des centaines de milliers, voire des millions à se ruer dans nos contrées pour quémander qui des soins, qui du travail, qui encore une Audi A4 gris métallisé et un smartphone neuf; oui, je le dis sans ambages, j’ai peur que cette pétition exigeant que le pavillon suisse flotte sur le mât de cet Aquarius convoque littéralement ces migrants chez nous alors que nous n’avons tout simplement pas la place pour les accueillir sans parler des tracas et des soucis sans fin auxquels nous sommes journellement confrontés à l’échelle de notre propre communauté. On objectera probablement à ces arguments de simple bon sens que cet Aquarius ne peut pas aborder directement chez nous puisque notre pays n’est pas exposé à un contact direct avec la mer. Je reconnais bien volontiers cette évidence topographique indéniable mais je veux rendre ceux et celles qui mettront de tels arguments dans la balance qu’avec cet appel d’air les migrants dès lors stimulés dans leur désir de se rendre chez nous pourraient tout simplement se mettre en tête de creuser des canaux leur permettant de relier la mer aux lacs de notre pays, par exemple entre Sète et Yverdon, ou encore entre Marseille et Walenstadt, à moins qu’ils ne choisissent tout bonnement de se déplacer à pied jusqu’à ceux de nos lacs qui font office de frontière avec l’étranger, tel le Lac Léman ou le lac de Constance, et, une fois arrivés sur les berges de ceux-ci, se jeter à l’eau une nouvelle fois, ou alors se servir de pédalos voire de paddles, afin d’aborder nos rivages pour ensuite nous envahir avec la claire intention finale de nous remplacer dans nos églises, nos vignes, nos ongleries, nos spas puis, pourquoi pas, nos lits. On le voit, une telle perspective ne peut que nous encourager à dire non à une demande aussi insensée. Que flotte notre étendard sur les cimes, les casernes et les hôtels garnis, mais pas sur l’Aquarius.